AMIENS

Voyage au pays de Samarobriva*

Il y a 19 ans, notre Caisse Régionale de Crédit Agricole de la Brie a fusionné avec la Caisse  régionale voisine de la Somme pour créer la Caisse régionale de Brie Picardie, entité qui  intégrerait l’Oise quelques années plus tard. 

À cet instant, nous étions plus préoccupés par la façon dont nous allions organiser nos activités, comment nous allions associer caractères briards et picards, ce qui n’était pas gagné d’avance. Mais découvrir les richesses historiques picardes n’était pas vraiment,  avouons-le, notre priorité ! 

Les années ont passé, nous avons peu à peu appris à vivre et travailler ensemble. Nous  nous sommes donnés comme priorité de faire avancer cette banque à laquelle nous  étions attachés plutôt que de donner du temps à la découverte de l’histoire picarde. Avec  notre visite à Amiens ce 1er octobre, cet oubli est effacé, grâce à deux guides  remarquables, le quartier de la cathédrale n’aura plus de secret (ou presque !) pour nous, les Seine et Marnais. Tout bonheur se mérite et il nous fallait partir dès potron-minet pour  cette visite de la capitale picarde. À 9h15, notre car atteignait son but et descendait la rue Saint-Fuscien en direction de la place de la cathédrale. Un petit coucou à notre siège,  mais de loin, et, à 9h30 nous étions à pied d’œuvre, à l’office du tourisme, attendant nos  guides pour ce périple amiénois. 

Savez-vous qu’Amiens est une ville verte et bleue avec 281 ha d’espaces verts, 300 ha  d’hortillonnages et 65 km de fleuve (la Somme) et de cours d’eau. Nous avons aussi découvert qu’Amiens est la première ville de France en termes d’inscription au  patrimoine de l’Unesco. (Non la Caisse régionale n’y est pas encore inscrite, encore que  ses anciens salariés le mériteraient … hum !).

Le matin nous avons consacré la visite au quartier ancien qui entoure la cathédrale et  savons dorénavant que l’on appelait cloître les différentes rues où vivaient les membres  du clergé. Comme beaucoup de villes de la région Haut-de-France, Amiens a été une ville très touchée par les deux guerres du XXe siècle, mais sa cathédrale a été épargnée. Le  vieil Amiens a été longtemps abandonné et, dans les années 1980, les amiénois ont pris  conscience de la richesse de leur patrimoine et peu à peu ont redonné vie à ces vieux  quartiers et en particulier au quartier Saint Leu, transformant les berges de la Somme en  une agréable enfilade de restaurants et de terrasses. Pour redonner vie à ces quartiers,  l’Université s’y est réinstallée et cohabite avec des immeubles récents mais bien intégrés  à l’architecture gothique de la cathédrale. Tout au long de la matinée, nous avons parcouru ces rues anciennes, admirant ça et là une façade renaissance, une autre de style gothique flamboyant ; malheureusement, ces façades qui ont été sauvées ne sont que des façades dites en « dent creuse » car accrochées à des bâtiments récents, les maisons n’ont pu être sauvées dans leur intégralité. Au XIXe siècle, le grand restaurateur qui est Viollet-le-Duc va contribuer à la restauration de la cathédrale. 

La cathédrale a été l’objet de tous nos regards l’après-midi, elle nous a permis d’aller à la  rencontre de Robert de Luzarches son premier architecte au XIIIème siècle, suivi de ses  collègues Thomas de Cormont et de son fils renaud. Ce qui nous a d’abord frappés, c’est la taille du bâtiment, sa hauteur sous-voute est de 42,30 m, son volume 200 000 m3, soit deux fois la cathédrale de Paris ! C’est la cathédrale la plus haute de France. « Elle est une  ville dans la ville : sa façade est peuplée d’une foule immobile d’hommes et de femmes,  apôtres, rois, anges, tout un peuple de pierre qui veille sur Amiens depuis des siècles et  des siècles. Elle a sa géographie intérieure, sa forêt de colonnes qui s'étirent sur leur cime , la nef la plus vaste de France, et ses sentiers de dalles noires et blanches qui tracent au  sol un labyrinthe où tant de jeunes Amiénois ont joué à se perdre. » (Emmanuel Macron**) 

Le chantier de la cathédrale a démarré en 1220, il a été mené très rapidement car en 69  ans l’essentiel du gros-œuvre était terminé. Au 14e siècle, le chantier se poursuivra avec la construction des chapelles latérales et de deux tours. La flèche de la cathédrale,  détruite par la foudre a été reconstruite au 16ème siècle elle domine à 112,70 m de hauteur,  ce qui en fait la plus ancienne tour en bois et plomb de France.

« La Cathédrale d’Amiens, c’est aussi le symbole des bâtisseurs qui ont construit cette  ville au travers des siècles : ils ont choisi de la bâtir haute, la plus haute de France, peut être pour montrer une forme d’indépendance, mais aussi pour incarner la puissance de  cette commune qui fut très tôt libre » (Xavier Bertrand***) 

  

Amiens a été au Moyen Âge jusqu’au XXe une ville riche où l’industrie du drap était très puissante ; elle connut une véritable prospérité grâce à la teinture des draps de laine obtenue à partir d'une plante, la guède ou pastel appelé waide en picard, qui permettait d'obtenir la couleur bleue (bleu roi).Cette plante était cultivée dans la campagne picarde.  Cette activité textile a été florissante jusqu’au XXème siècle, dans les années 1980 la famille Cosserat fabriquait toujours des velours de renommée internationale. 

Cette journée picarde nous a permis aussi de visiter les célèbres hortillonnages  amiénois, ils sont situés à proximité du quartier Saint-Leu. C’est un espace de 300 ha de  jardins flottants, 1200 parcelles appartenant à 1000 propriétaires, bordés de canaux. A  l’origine c’était un quartier de maraîchers qui nourrissaient la ville, on ne compte plus que  7 maraîchers qui alimentent un marché chaque samedi. Les terrains sont maintenant devenus des lieux de loisirs, de jardins d’agrément. Une association s’est créée autour  des hortillonnages elle regroupe des bateliers qui sur des « barques à cornet » font  découvrir ces canaux et participent à l’entretien des berges. Nous avons eu beaucoup de  chance car, mis à part quelques très petites gouttes d’eau, le soleil a accompagné notre  promenade sur ces canaux. 

À midi nous avons bien entendu dégusté les célèbres ficelles picardes : succulentes crêpes garnies d’une purée de champignons, couvertes d’une sauce béchamel délicatement gratinée : en un mot un petit plat très raboratif, mais apprécié par une température plutôt fraîche. 

Nous avons aussi marché dans les pas de Jules Verne, certes né à Nantes, mais qui a  choisi Amiens par amour d’une jolie Picarde et qui y a trouvé son extraordinaire inspiration  pour écrire ses fabuleux livres de science-fiction. Quelques pas dans la rue des trois  cailloux (les champs Élysées amiénois) nous permirent enfin d’admirer de splendides  façades art déco. 

Il était temps de quitter Amiens pour regagner nos terres briardes, non sans un arrêt à la  chocolaterie Trogneux pour acheter quelques macarons ou succulents chocolats, en communion de pensée avec la femme de notre Président bien sûr, autre célèbre  amiénoise et surtout en accord complet avec notre gourmandise ! 

*Nom de la ville d’Amiens à l’époque gallo-romaine 

**Né à Amiens, y a suivi une partie de sa scolarité 

*** Président de la région Haut de France 

 Martine BOUCHER le 5 octobre 2024

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